Le premier carnet de route de mon pèlérinage vous avez plu, alors voici la suite tant demandée avec les étapes et les adresses de mon chemin de Compostelle. Pour le contenu de votre sac et l'organisation, je vous conseille de vous référer au premier article.
Mercredi 1/05 – Estaing -> Golinhac 15 km
Je repars d' Estaing - magnifique village en bord de Lot. Je m’étais arrêtée à Espalion l’an dernier, l’étape juste avant.
Je pars laissant mon amoureux derrière moi, qui m’a gentiment accompagné la veille pour que l’on passe une dernière soirée ensemble. A ce propos je vous recommande chaleureusement le gite Les Grandes Lauzes et la Maison Burgarella pour y diner (tenu par les propriétaires du gite).
Me voilà donc partie en solo pour la première fois sur les chemins de Compostelle. Je ne vous cache pas que cela me faisait un peu peur, mais que celle-ci s’est vite dissipée. Comme j’ai pu l’expliquer en story sur Instagram (story à la une), c’est un endroit qui ne craint absolument rien. Pas de rencontres bizarres, pas de chance de se perdre si vous suivez le balisage, et si jamais vous vous blessez il y a du réseau quasiment partout et des pèlerins qui passent régulièrement.
J’ai donc d’abord traversé de magnifiques chemins de terre bordés d’arbres verts fluos. J’ai longé un moment le Lot avant de m’enfoncer dans les terres. Plusieurs raccourcis sur la route me fond prendre des chemins boueux avec un bon dénivelé, qui réveille mon cardio dès le début ! La pluie ne fait que s’intensifier et je croise très peu de villages. Aucun commerce où m’arrêter pour boire une boisson chaude ou même déjeuner. C’est entre autres ce qui va différencier ce chemin de mon premier. Il y a moins de villages et moins de commerces où s’arrêter. La pluie motive aussi à vite finir chaque étape et à tracer sa route. J’arrive au gite à Massip en 2h30- il n’ouvre qu’1h plus tard – à peine le temps de se refroidir avec les vêtements humides. Golinhac est encore à 2km, tant pis pour le déjeuner je m’organiserai différemment demain. Le gite ouvre enfin, ce n’est pas super propre mais ca reste correct. Comme je suis dans les premières, je peux choisir mon lit, laver et faire sécher mes vêtements près d’un radiateur et prendre ma douche tranquillement.
Le diner est très joyeux, je sympathise avec mes voisins de chambre, 2 messieurs retraités qui marchent le chemin en entier et 1 couple Parisien la 50aine que je recroiserai jusqu’à Conques. Notre hôte est un agriculteur qui s’occupe de ses veaux en même temps que de son gite. Nous échangeons beaucoup avec lui, c’est passionnant.
Il est bientôt l’heure d’aller se coucher, déjà 21h 😊
Gite L’orée du chemin – 45€ pas le + confort car beaucoup de capacité d’hébergements j’aime moins, mais hôtes adorables, très bon repas et bien situé. J’aurai su j’aurai dormi à Golinhac pour m’avancer un peu plus.
Jeudi 2/05 – Massip -> Conques 23km
Franchement très envie d’abandonner et de retrouver le confort de ma maison. Très difficile cette journée, de nouveau sous la pluie. Mais surtout beaucoup de chemins boueux en foret. J’ai les chaussures qui baignent dans la boue et les pieds rapidement trempés. Si je n’avais jamais fait St Jacques avant et ne connaissait pas le bonheur de traverser ces régions, je pense vraiment que je demanderai à mon mec de venir me chercher. Je me sens quand même un peu seule aussi il faut le dire. Je ne croise pas beaucoup de pèlerins. J’avance plutôt rapidement et me retrouve à doubler tout ce que je rencontre. L’ambiance en Mai n’a rien à voir avec celle que j’ai connu en Août l’année dernière. Déjà par la météo, par le peu de vie dans les villages. Et puis à cette période de l’année, la population est plutôt retraitée et même si j’adore échanger avec eux, il me manque un peu la folie de la jeunesse que j’ai pu rencontrer l’été dernier. Pour le moment je suis la seule à marcher… seule !La pluie fait que l’on s’arrête moins bavarder, admirer les paysages, au contraire on trace sa route pour arriver vite au sec. Les paysages sont beaux, en revanche je passe par peu de villages et donc peu de lieux où se restaurer. Beaucoup de goudrons aussi sur cette partie mais pour une fois j’en suis contente car cela m’évite de me tremper les pieds dans la terre inondée.
L’arrivée sur Conques vaut le détour. Cette ville médiévale à même la falaise, est incroyable, entourée par la nature verdoyante et vallonnée. Je déjeune une galette au sarrasin, j’aimerai dire au chaud mais j’ai les pieds gelés encore humides !Puis je pars m’annoncer à l’accueil de l’Abbaye St Foy, où je vais passer la nuit. Je savais en réservant que ce serait « austère » mais j’avais envie de vivre cette expérience. Je n’ai pas été déçue, décor froid et rudimentaire, une usine à lits nous sommes 16 dans chaque dortoir. On nous presse de laisser chaussures et bâtons à l’extérieur. Pas grave je prendrai le risque de monter mes chaussures discrétos dans la chambre pour les nettoyer et les cacher sous le radiateur. Je me sens d’autant + isolée que si je dors avec 15 autres personnes, je me retrouve bloquée n’ayant pas de chaussures de rechange si ce n’est une paire de tongs – finalement pas adaptées à ce début de séjour. Repas pris avec des pèlerins croisés hier et cet après midi. C’est plutôt bon. J’ai très bien dormi malgré le bruit.
Gite de l’abbaye de St Foy – 38,50€ (avec draps et DP), honnêtement pas le grand luxe, peu confortable, usine à lit, repas très moyen, mais c’est une expérience à faire 😊
Vendredi 3/05 - Conques -> Montredon (30km)
Départ 8h après PDJ en compagnie de mes voisins de chambre du 1er gite. La plus grosse étape de mon pèlerinage avec un départ de Conques sous le soleil enfiiin !Mais de courte durée car, pour éviter l’de se tremper les pieds, un bénévole de l’abbaye nous a conseillé de prendre la route plutôt que le GR. ça descend pas mal pour sortir de la ville historique. Et donc après avoir traversé un très joli pont de pierres, nous nous retrouvons tous à grimper la route en bitume et en lacets, sous un épais brouillard. Rapidement je double le groupe. Plus je monte et moins j’y vois, aucune visibilité à 50m et je commence à avoir peur de me faire percuter par une voiture. Bientôt je ne vois plus aucun pèlerin derrière moi. Je monte pendant plus d’1h et par chance aucune voiture ne se présente. Je débouche finalement, tout en haut sur un plateau ensoleillé et reprend la route du GR direction Nohailles. A partir de là je ne croiserai quasiment plus personne de la journée. Pour éviter Decazeville, ville minière sans grand intérêt, je sors de nouveau du sentier apr-s Nohailles et me retrouve en bord de route pendant 2 bonnes heures. C’est long et redondant mais j’avance rapidement. Je me retrouve de nouveau en difficulté sur le dernier bout de départementale qui descend jusqu’au Lot, un bon dénivelé en pente et avec des virages très serrés, et pour le coup très fréquentée par les automobilistes ! Encore une fois, cette route ne dispose pas de bas côté pour les piétons. J’ai réellement peur, mais aucune autre solution ne s’offre à moi si ce n’est faire marche arrière, remonter la ville en question et prendre le GR direction St Roch comme j’ai hésité à le faire 10 minutes plus tôt…J’arrive finalement au pas de course jusqu’au pont de Lavinhac qui traverse un Lot marronnasse. Je m’arrête déjeuner dans un petit bistrot, là encore pas de pèlerins à l’horizon. Mais une table au soleil et un bon coca! Apres une heure de pause je repars pour les derniers 6,5km jusqu’à Montredon où mon prochain gite m’attend. J’attaque par une belle ascension puis un chemin remplit de chenilles suspendus aux branches des arbres par des fils, telles des araignées. Décidément ce chemin me demande toute ma concentration en permanence et empêche mon cerveau de lâcher prise. J’arrive à Montredon, sous la pluie bien évidemment, je me refugie alors dans un petit espace de l’Eglise, dédié à l’accueil des marcheurs. Je rencontre alors le couple de Vendéen avec qui je vais passer la soirée à mon gite, et le jour suivant. Nous finissons par nous rendre au gite, et par chance je suis seule dans ma chambre ce soir et ça c’est le grand luxe !
Nous dinons tous les 3 et échangeons beaucoup sur nos vies.
Gite La Mariotte – 47 € (confortable, hôtes accueillants, repas moyen)
Samedi 4/05 - Montredon -> Figeac (17km)
Je suis vraiment a bout émotionnellement et physiquement, ça commence à être dur !Il y a une accalmie côté pluie, mais l’orage a frappé toute la nuit et les chemins restent boueux et inondés. J’alterne entre les pieds trempés et les déviations sur les départementales (longues et redondantes- peu protégées pour les piétons)
Le gite ne nous a pas indiqué les déviations à prendre dès le début de l’étape et j’ai donc suivi le GR qui m’a mené sur un chemin rocheux, devenu une rivière avec les intempéries, et un champ inondé, j’ai donc les chaussures mouillées dès la première heure de marche. Je croise plus de monde dont certains que j’ai déjà vu quelques jours plus tôt. L'arrivée a Figeac se fait par une longue descente bordée d’arbres verts, et sous un soleil timide et des températures plus clémentes. Après avoir posé mes affaires au gite chez Nathalie, je pars déjeuner un très bon croque Monsieur sur le café mythique de la place Champollion (face au musée).Je m'achète ensuite une paire de tennis pour être au sec après la marche. J’avais seulement prévu une paire de tong en chaussures de rechange, mais peu adaptées cette année (sauf pour la salle de bains j’avoue que je préfère).Puis je vais visiter le musée de Champollion avec Bernadette - la pèlerine avec qui j'étais au gite hier soir et que j’ai croisé en ville.Lorsqu’on sort il pleut de nouveau des trombes d’eau, bien évidemment. L’hôtel Mercure devant lequel je passe me fait de l’œil, mais ce ne sont pas les règles du jeu. Je retourne donc penaude au gite - j’ai envie de pleurer en quittant Bernadette, mon repère précaire de l’instant. Je découvre l’intérieur du gite et vraiment c’est une angoisse : une grande pièce est délimitée par un rideau en 2 parties, l’une avec les 9 lits contenus dans 20m2 et « séparée » en deux par un meuble Ikea et l’autre est la pièce de vie contenant une simple table, un coin kitchenette et une salle de bains à porte coulissante dans lesquelles se situe les seuls toilettes. Une salle de bains pour 9 pèlerins, cela fait vraiment trop peu. Nathalie a plein de règles mises en place - et franchement ça me gonfle rapidement parce que je ne viens pas faire ce chemin pour me sentir infantilisée. Du coup mes chaussures sont sales et trempées et je dois aller les laver a l’extérieur alors qu’il pleut des trombes !Bref, j’en ai ras le bol. Mon amoureux me proposera plusieurs fois de me prendre un hôtel confort, mais je tiens bon, car je veux vivre mon expérience à 100% comme une pélerine, et ne pas lâcher à la moindre difficulté. J’arrive à raisonner différemment d’il y a encore quelques années, et à prendre du recul sur une situation. J’ai la chance d’avoir un toit sous lequel dormir, d’être accueillir par des gens sympa, et que l’on me serve un bon repas. Mais a chaque ras le bol, il y a toujours un bon moment qui renverse la vapeur, et qui m’apaise. Une rencontre, un diner, le repos aussi fait du bien, la douche chaude aussi. J’apprends encore une fois la résilience et me rend compte de nouveau de ma grande capacité d’adaptation. Mon mental est capable d’affronter bien des choses. Je fais le parallèle avec des craintes que je peux avoir dans la vie, et qui me terrorisent. Alors qu’en fait mon corps et mon mental sont prêts à tout ! et je rentrerai avec le sentiment d’être capable de tout !Je me rends compte aussi à quel point je suis soutenue. Par mon amoureux, mes parents, mes amies, mes clientes et ma communauté. Alors merci à eux.
Malgré les conditions, je dors plutôt très bien chaque soir. Les boules Quiès et le masque de nuit restent des indispensables !
Gite Le pont du Pin (apparemment du Gua est top mais il n’y avait plus de place nulle part quand j’ai réservé) – 47 € cher pour la prestation mais hôte sympathique et repas très bon et copieux.
Dimanche 5/05 – Figeac -> Lacapelle (22,5km)
Alors le ponpom c’est que la veille j’apprends que le gite de ce soir ne sert pas à manger et que le dimanche tout est fermé dans le village, donc à moi de me trouver à manger sur le chemin.
Mais pas de problème, là encore je vais m’adapter et me trouver de quoi manger dans un charmant village.
Mais pour commencer je démarre ma journée en quittant mes joyeux lurons de la veille, 2 arancini dans le sac, préparés fraichement ce matin par Nathalie, notre hôte italienne.
Je débute cette étape par un sublime chemin parsemé de verdure devenue flamboyante suite à la pluie tombée. Il fait beau, et le moral est revenu ! J’ai posté mon désarroi sur Instagram, et vous avez été si nombreuses à me soutenir que cela m’a remonté à bloc. Je sens que c’est comme si toute cette pluie m’avait lavé de toutes les émotions négatives pour enfin laisser place à la lumière et à l’apaisement. Je pense vraiment que plus rien ne pourra m’atteindre moralement.
Je grimpe ensuite jusqu’à me retrouver à un premier arrêt proposé par un habitant. Il y en a souvent sur le Chemin de St Jacques, des résidents qui proposent des ravitos contre un don. Je rencontre alors Françoise et nous allons nous suivre durant les prochains jours jusqu’à la fin de mon périple.
Je repars tout de même avant elle, et ferai un prochain arrêt dans le sublime petit village de Cardaillac, où je profite de l’épicerie ouverte pour m’approvisionner de produits locaux pour le diner.
L’étape est plutôt agréable avec quelques passages en forêt et des passages fermés pour causes d’éboulement ou d’effondrement d’arbres.
J’arrive en tout début d’après midi au gite. Là encore, je pensais me retrouver dans un endroit sombre et lugubre (par rapport aux photos de leur site) et finalement j’entre dans une maison où baigne la lumière.
Je profite du jardin pour me poser un peu au soleil et bouquiner. Je partage ma chambre avec 3 filles, dont Françoise, Maryse une québécoise rencontrée à Conques, et Fanny qui a mon âge et qui débute le chemin ce jour. Nous arriverons ensemble à Rocamadour mardi. Le diner est très agréable et nous rencontrons aussi un jeune couple très sympathique.
Gite Le cèdre bleu (nuit sans DP – 25€ avec petit déj – très confort, hôte très sympa)
Lundi 6/05 – Lacapelle -> Gramat (25km)
Je décide de nouveau de partir seule tant que je suis en forme et que mon rythme est bon.
La propriétaire du gite de la veille nous a indiqué une déviation pour éviter la rivière qui a débordé sur le chemin. Je me fais donc encore une petite session bord de départementale jusqu’à Thémines. Je me pose en terrasse d’une boulangerie pour un en-cas et partage un moment avec un monsieur rencontré la veille, qui suit un groupe d’amis mais à vélo car il est blessé au genou.
Les filles arrivent petit à petit et je les laisse se restaurer pendant que trace ma route direction Gramat. Après avoir essuyé quelques averses sur le chemin, et avoir croisé brebis et vaches, j’arrive dans cette très jolie ville. Malheureusement nous sommes le lundi, et comme souvent dans les petites provinces, tout est fermé.
Heureusement une pharmacie est de garde et je cours (non je claudique) m’acheter une aiguille pour percer une grosse ampoule qui est venue se loger tout autour de mon petit orteil. Première fois de ma vie que j’attrape une ampoule en randonnant, mais avec les pieds trempés et la crème Nok que j’ai clairement mise de côté cette année, je dois dire que je ne suis pas épargnée.
Je visite l’Eglise qui est très très belle.
Le gite de ce soir se situe dans un couvent historique, laissé à l’abandon puis repris par une association laïque. Une quinzaine de sœurs y habitent encore. Et ils ont même développé une partie hôtel 3 étoiles.
Pour ma part, et celles de mes amis de fortune, nous partageons une chambre à 5. Pas le grand luxe, mais tout à fait correct. Nous mangeons avec de nouvelles personnes et on rigole énormément ce soir-là.
Gite Le Grand Couvent en DP – 37,50€ (repas très bon)
Mardi 7/05 - Gramat -> Rocamadour (14 km par la voie équestre)
Déjà le dernier jour ☹
Du coup je décide de partir avec mes 3 compères pour ne pas passer cette dernière journée seule. On nous a informé qu’il y aurait une grosse déviation par la voie équestre car une passerelle du chemin s’est effondrée avec les intempéries. Nous allons donc nous rajouter quelques km, mais rien de bien méchant. Cette partie là est magnifique car nous descendons un canyon vers la rivière l’Ouysse qui sépare les deux vallées, pour ensuite remonter par la voie équestre en direction de Rocamadour.
La balade est facile et rapidement effectuée.
L’arrivée dans la vieille ville se fait par le haut (L’Hospitalet) et la vue est magnifique !! J’ai rarement vu quelque chose d’aussi beau. Comme à Conques, la ville est à flan de falaise, mais beaucoup plus suspendue et la Cathédrale qui surplombe le village, épouse aussi la roche. D’ailleurs les murs du fond des monuments sont la pierre de falaise directement. Après nous être restaurées, nous avons bénéficié de la visite guidée gratuite du sanctuaire par un historien. Visite passionnante, et moi qui ne suit pas catholique, j’ai été soufflée par l’ambiance et la puissance de ces lieux (notamment la chapelle de la Vierge Noire et le corps principal de la Cathédrale).
Il est enfin venu le moment de retourner à ma vie, mon amoureux me rejoint pour 2 jours dans le coin.
Je vous recommande chaleureusement la maison Balmelle, maison d’hôtes sublimissime, tenu par un couple généreux et accueillant. Un vrai havre de paix à Gramat.
Je rentre des souvenirs plein la tête, et déjà l’envie de continuer mon chemin très prochainement.
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